Interview de Vincent Supiot – Village By CA Centre France

Pour cette nouvelle interview de coworker/résident de Turing 22, nous avons le plaisir de vous présenter le portrait de Vincent Supiot, maire du Village by CA Centre France. Cet accélérateur de start-ups est résident à Turing 22 depuis quelques mois. Découvrez en plus sur le Village By CA Centre France, leurs projets en cours et à venir et pourquoi ils ont choisi de s’implanter à Clermont-Ferrand au sein de l’espace de coworking.

Bonjour Vincent, peux-tu te présenter  ?

Je suis le maire du Village by CA Centre France. Le Maire est le Directeur du Village depuis septembre 2020 à Turing 22. Je suis Clermontois, j’ai 46 ans et j’arrive du groupe Limagrain où j’ai travaillé pendant 20 ans. Auparavant j’étais étudiant à l’Université d’Économie de Clermont-Ferrand et avant j’étais au Lycée Blaise Pascal : un parcours 100% clermontois ! Mais je ne suis pas resté longtemps, je suis parti à l’étranger et j’ai eu la chance de travailler dans beaucoup de pays, notamment, les Pays-Bas, la Californie et le Japon. Je suis revenu en France il y a 4 ans pour prendre la direction financière du groupe Limagrain et pendant cette période là, on m’a présenté le concept du Village qui n’était pas encore à Clermont-Ferrand mais dans d’autres villes. Pendant presque trois ans j’ai insisté auprès du Crédit Agricole pour installer ce concept ici, à Clermont-Ferrand et pour diriger le Village. Et c’est ainsi que tout a commencé.

Peux-tu expliquer la mission du Village by CA et nous faire son elevator pitch ?

On est un accélérateur de concept et on essaie de donner les conditions de réussite pour cette start-up. On lui amène les conditions de cette réussite qui se valorisent par un chiffre d’affaires qui va être boosté par des mises en relation, par des levées de fonds, du financement et par quelque chose qui est très important pour nous, la compétence ou la sensibilisation à plein de différentes thématiques qui vont nous donner un degré de certitude un peu plus fort que la start-up va évoluer dans ce monde économique avec des leviers comme la communication, le RH,  avec des partenaires qui vont les aider pendant un parcours de 2 ans. Ceci leur permet d’avoir un degré de certitude et des notions plus importantes qu’à leur arrivée au Village. Nous ce qu’on apporte, c’est un accompagnement de 2 ans avec notre équipe au Village, avec nos parcours professionnels et nos expériences. On emmène la force du Crédit Agricole, dans ses compétences de banque, d’assurance et la force de nos partenaires qui nous accompagnent avec leur expériences, leurs expertises qui vont être mis à disposition de ces start-ups. On associe ça et on travaille dur pour venir développer leur projet et les conseiller au mieux. Ils restent, eux, les chefs d’entreprise et c’est à eux de prendre, ou ne pas prendre, les meilleures décisions pour faire que leur start-ups soient plus fortes à la sortie qu’à leur arrivée.

Nous on ne fait pas de levée de fonds mais le Village vient aider, mettre en relation et donner des conseils pour aider la start-up lors d’une phase de levée de fonds. On est aussi associé au Crédit Agricole et ce dernier peut dans certains cas suivre cette levée de fonds avec des partenaires comme Sofimat, qui est un acteur important pour la partie amorçage, et il y aura une deuxième, une troisième levée de fonds je l’espère et à nous de lui emmener des options. A nous de présenter le bon actionnaire, le bon minoritaire, le bon fond pour cette startup qui va correspondre à son projet, à son état d’esprit, ce qui va leur permettre de grandir. A chaque étape cela peut-être des fonds différents, c’est pour cela qu’on s’appelle Centre France. Au départ nous sommes surtout sur des acteurs locaux. Notre but est de créer de l’emploi sur Clermont-Ferrand, sur la région Auvergne, sur notre territoire. On est lié à l’innovation car on pense que grâce à l’innovation on peut créer de l’emploi, et avec nos acteurs locaux. Par contre, on sait que le développement de la start-up ne se fera pas commercialement qu’en Auvergne et c’est pour cela qu’on a, au sein du réseau des Villages, cette capacité à aller très vite sur d’autres régions si celle-ci a besoin d’aller sur d’autres territoires. On peut prendre l’exemple de Capillum pour les cheveux, qui crée des boudins avec des cheveux recyclés pour absorber l’hydrocarbure dans l’eau. Tout de suite, on les a mis en relation avec les Village en Bretagne ou à Rouen pour travailler avec les ports. On a cette capacité d’aller très vite sur d’autres régions. On espère aussi demain se tourner plus vers l’international et d’utiliser les réseaux de la banque pour leur permettre d’accélérer et leur donner les meilleures conditions de leur réussite.

Quelle est l’équipe actuelle du Village by CA Centre France ?

Pour le moment on a une équipe 100% nouvelle. L’un des pères fondateurs est Christophe Vincent, Startup Manager. Il a été la première personne intégrée à ce projet. Il est en charge de neuf des dix-huit start-ups qui sont au Village, de leur suivi quotidien, d’amener des solutions à ces start-ups et de mettre en relation des conseils et des expertises au bon moment pour celles-ci.
Catherine Bournery qui est aussi startup Manager a en portefeuille les neuf autres start-ups du Village. Ces deux personnes (Catherine et Christophe) sont vraiment différentes. Elles viennent toutes les deux d’un parcours au sein du Crédit Agricole Centre France (autant en innovation qu’en suivi de clients professionnels). Mais on essaie d’attribuer les start-ups en fonction des projets à ces Managers.

On a également Maëlle, qui est alternante à l’Ecole de Commerce de Clermont-Ferrand et qui tient le rôle de Happiness Officer pour faire la communication et pour gérer la communauté du Village.

Puis il y a moi, Vincent, le Maire ou Directeur. Je coordonne toute l’équipe, les partenaires, la mise à disposition de tout ce réseau pour créer de l’emploi et de l’innovation sur notre territoire.

Malgré notre équipe restreinte, on est plein d’énergie et les start-ups nous le rendent bien ! Bien sûr, nous sommes associés à une banque mais notre rôle n’est pas d’avoir un regard financier mais un un regard très humain et d’être présent au quotidien. Nous sommes là dans les jours qui vont bien, et dans les jours qui ne vont pas… Nous sommes là pour essayer d’aiguiller, de faire en sorte que pendant 2 ans les start-ups affrontent avec succès toutes les péripéties, par exemple en leur faisant rencontrer les bonnes personnes qui pourront les aider. Nous sommes très bien entourés, car ce sont des partenaires d’expertises motivés, des cabinets d’experts-comptables, des juristes, des avocats, des ressources humaines mais aussi des industriels, des personnes qui ont l’habitude du business qui amènent leur compétences, leur savoir-faire au service de ces jeunes entrepreneurs (jeunes pas seulement du point de vue l’âge des entrepreneurs, mais aussi parce que leur projet est jeune).

Pourquoi avoir choisi d’implanter la section Centre France du Village by CA au sein de Turing 22 à Clermont-Ferrand ?

L’idée était de ne pas avoir un lieu que pour nous mais un lieu qui mélange des sociétés deja existantes avec des jeunes sociétés. Un lieu qui hébergeait deja des entreprises ; c’est très intéressant car ça montre aux dirigeants des start-ups, la phase suivante, une entreprise viable, et surtout un lieu qui bouge, qui tourne. Un lieu avec des salles de réunion, les espaces communs (espaces lounge) … Un auditorium : ça donne aussi le sentiment qu’il n’y a pas que les entreprises de Turing 22 mais aussi des événements, la possibilité de brasser, avoir un endroit où les gens viennent faire du business, pour parler innovation, pour partager des bons moments,? Bref un lieu extrêmement convivial et ouvert.
On voulait ouvrir l’innovation et ne pas rester en vase clos entre l’innovation et startups car on a besoin de réunir nos partenaires, nos experts et les start-ups dans un même lieu. Et à Turing 22, toutes les conditions sont réunies.

Aujourd’hui combien de startups ou projets sont intégrés au Village by CA Centre France à ce jour ?

A ce jour,  il y a désormais 18 startups au sein du Village By CA Centre France. La dernière en date est le Laboratoire Khol qui a passé avec succès le jury de sélection il y a quelques jours.

Félicitations à @VillageCACF pour son installation dans les locaux de @Turing_22 à #ClermontFd !
Nous sommes fiers de les avoir accompagné sur la création graphique, enseigne et production ! 👍
On vous en reparle prochainement dans un case study. #coopererPourInnover pic.twitter.com/QzfwITtP4y

— Vingt Deux (@AgenceVingtDeux) July 9, 2020

A ce propos, quels sont les critères à remplir pour pouvoir intégrer le Village ?

Aujourd’hui, nous avons deux systèmes de recrutement :

• le premier et principal moyen est un appel à candidature qui se passe une fois par an pour avoir un roulement car les startups restent deux ans et il y a encore un peu de place pour la promo numéro 2. Le prochain devrait être au printemps 2021 pour accueillir début Septembre.
• la deuxième source, comme cela a été pour le Laboratoire Khol, on peut avoir des candidatures spontanées. Si le sujet est intéressant, que le projet doit se faire maintenant et pas dans 6 mois (car en « temps de startup » c’est énorme) ils passent devant un jury exceptionnel. Mais il faut rappeler que le nombre de place est limitée.

Incubateur et accélérateur : quelles différences ?

L’incubateur, c’est quand tu as une idée – comme dans le cas de Capillum, c’est à dire comment valoriser un produit considéré comme un déchet en un produit valorisable. Aller dans un incubateur va aider à regarder s’il y a un débouché, un produit et un marché et qui va emmener jusqu’à la POC (Proof of Concept), à la création de l’entreprise et jusqu’à la première facturation. À partir de là, tu as bien validé qu’il y a un marché, que la V0 du produit est viable, qu’il y a de la clientèle.
Ensuite il va falloir structurer l’entreprise, la dimension financière, définir un processus de ressources humaines pour recruter, positionner une démarche marketing, emmener le produit au bon moment sur le marché. Là nous sommes dans l’accélération, et ce n’est pas le même metier que l’incubation. Il y a des structures qui accompagnent tout le long. A Clermont-Ferrand, nous divisons cela.

Le Village By CA privilégie-t-il plutôt certains secteurs d’activité ?

Nous sommes généraliste ! Nous accueillons tous les projets, parce qu’on a une logique de territoire. Si un entrepreneur est auvergnat et souhaite rester à Clermont-Ferrand, il peut trouver une structure qui va l’aider. Bien sûr, notre capacité, c’est de pouvoir faire des connexions avec d’autres Villages, car on ne travaille pas tout seul mais avec les quarante Villages by CA. On couvre toute la France , avec autant de grandes villes que des villes de taille plus moyenne.

On n’a pas de grands axes fixes car on a plein d’acteurs, et plein de thématiques, donc nous sommes généralistes. Par contre, on voit des grandes thématiques qui sont pluri-industrielles : 

• la gestion de l’eau. C’est une thématique qui est forte pour l’Auvergne : on a de l’eau mais on a des problèmes sur son utilisation, sa gestion, son stockage (on en a beaucoup en hiver mais beaucoup moins en été). Donc, comment font les industries pour utiliser cette eau, pour la stocker tout en étant responsable écologiquement. Et bien cela c’est une thématique de demain.
• la forêt : un tiers du territoire de l’Auvergne est couvert de forêts. Comment pouvons-nous amener de l’innovation dans la gestion de cette forêt ? Comment demain peut-on mieux appréhender la dimension du carbone ? C’est à dire, pas uniquement de l’émission de carbone mais aussi de son stockage. Est-ce que demain, la forêt auvergnate pourrait devenir un lieu de stockage de ce carbone ? Comment va-t-on grâce à l’innovation avoir une meilleure gestion de nos forêts ? Ceci est propre à notre territoire, il y a bien sur d’autres forêts en France, mais je ne suis pas sur qu’il y en ait beaucoup d’autres avec un tiers de leur territoire qui soit composé de cette forêt.
• On a aussi des acteurs qui travaillent sur l’hydrogène. Comment on arrive, nous le Village, a trouver des thématiques et à ouvrir les yeux sur ce secteur de l’hydrogéne ?

Voici des cas qui ne sont pas des industries mais des thématiques. On va également avoir la mobilité, l’agriculture, l’alimentaire. On reste un territoire agricole avec des produits phare comme la viande, le fromage, le blé ou le maïs en Limagne. On aide donc ces acteurs-là à être encore plus innovants.
Il y a également deux autres thématiques importantes auxquelles nous nous intéressons, comme le changement climatique et le vieillissement de la population (le bien vieillir qui n’est pas propre à notre territoire, mais bien une tendance mondiale).

Au vue de la situation actuelle de la pandémie et des confinements, comment vous êtes-vous adaptés du point de vue du travail : télé-travail, coworking, flex office ?

Quand on se lance dans ce type de projet dont l’enjeu est de fédérer les acteurs, l’un des moyens est, entre autre, de créer des événements pour  que les gens se rencontrent et c’est un moyen très fédérateur, donc ça nous manque beaucoup. A partir du moment où on ne peut pas le faire, c’est un peu plus difficile. Même si on essaie de le faire en digital ce n’est pas le même lien. Maintenant on a tous les outils et il faut être patient et on pourra refaire un peu plus en physique. Mais avec le digital on arrive quand même a garder le contact,. Le digital ca fonctionne très bien quand on se connait déjà, mais quand on se connait pas ca n’est pas évident de démarrer en 100% digital.

Aujourd’hui, nous au Village by CA, nous sommes restés ouvert et continuons notre activité en alternant télétravail et présentiel. On a minimum une personne de l’équipe toujours présente et les start-ups décident si elles veulent etre en présentiel ou en télétravail. Bien sûr, on les a poussé au maximum à se préparer à être en télétravail, mais après ce sont eux qui décident car ce sont eux qui dirigent leur start-up. Nos conditions d’accueil d’un point de vue sanitaires sont celles imposées à Turing 22 à savoir, le port du masque obligatoire, faire attention quand on déjeune, nettoyer derrière soi et faire attention dans leur bureau quant à la distanciation physique. Les réunions vont se faire en digital le plus possible et d’autres restent en physique. C’est une situation hybride et qui se veut le plus pragmatique pour nos collaborateurs. On se doit de rester ouvert car les startup n’ont pas le luxe d’avoir ce temps.

De quel(s) service(s) profitez-vous le plus à Turing 22 ?

L’accueil déjà ! L’équipe est très accueillante et pour nos clients c’est sympa. Que tout soit à disposition, c’est vraiment quelque chose de très bien. Le personnel en charge de l’entretien, du ménage qui travaille dans la bonne humeur joue aussi. La sécurité le soir, le fait d’être ouvert 7/7 et 24/24, c’est pour nous quelque chose d’extrêmement important car nous n’avons pas à nous en préoccuper, ce qui nous permet de se focaliser sur l’accompagnement et le développement du business.

Votre salle de réunion préférée à Turing 22 ?

La salle Atlas avec le canapé, la carte du monde. Comme j’ai beaucoup voyagé j’ai l’impression de voyager à nouveau.

Le midi vous êtes plutôt team foodtruck / apporter votre propre repas ?

Les 2 ! Je fais mon bento et les foodtrucks, mais ayant vécu au Japon, j’aime beaucoup les bentos 🍱. J’aimerais bien pourquoi pas un foodtruck de sushis, je lance l’idée. 🚚🍣